Rupture conventionnelle

Négocier sa rupture conventionnelle: une salariée témoigne

Une rupture conventionnelle est un moyen de partir positivement d'une entreprise avec laquelle on ne souhaite plus continuer. C'est aussi un moyen de se lancer dans une nouvelle vie active. Nous avons pu interroger Marie, qui a décidé de négocier une rupture conventionnelle avant de se lancer en free lance. Elle nous livre ici ses remarques et conseils sur la rupture conventionnelle. Elle nous explique aussi pourquoi la rupture conventionnelle se vit mieux qu'un licenciement.

Partir en Free lance Après une rupture conventionnelle

J’ai signé une rupture conventionnelle pour pouvoir partir de l’entreprise dans laquelle je travaillais depuis 14 ans, qui prenait des orientations avec lesquelles je n’était plus du tout en accord. Après un bilan de compétence, je souhaitais travailler en free-lance sur des projets innovants.

Les avantages d'une rupture conventionnelle

L’avantage principal d'une rupture conventionnelle sur une démission est que l’on peut bénéficier des allocations chômage, mais aussi en ce qui me concernait des aides de Pôle Emploi à la création d’entreprise. Ainsi j’ai pu me lancer dans mon projet professionnel avec plus de sécurité.

Cette rupture conventionnelle était de mon initiative. De mon côté j’avais un projet professionnel construit ; en face, mon entreprise restructurait tous les services et les licenciements pour faute pleuvaient. C’était donc le moment pour moi de partir avec les avantages cités plus haut, et pour l’entreprise de pouvoir se séparer de quelqu’un sereinement.

Négociez votre rupture conventionnelle en choisissant le bon timing

Afin de négocier ma rupture conventionnelle, j’ai exposé les arguments suivants : "je vois que vous souhaitez tout restructurer. Je ne sais pas ce que vous comptez faire avec mon service :

  • Soit vous souhaitez le supprimer et me licencier, et dans ce cas je vous propose que l’on fasse cela d’un commun accord calmement et rapidement avec une rupture conventionnelle ;
  • Soit vous souhaitiez me garder, mais dans ce cas, vous allez être obligé de repenser complètement le métier, me faire monter une nouvelle équipe, créer de nouvelles conditions de travail ; et, je vous le dit, je ne suis pas motivée pour cela cette année puisque comme vous le savez je suis, avec mon CIF, (master de recherche) dans une démarche de travail très personnelle qui demande beaucoup d’investissement personnel ;  Par ailleurs, comme je l’ai dit en entretien annuel, je ne suis pas en accord avec les directions qui sont en train d’être prises, et il nous faudrait trouver un terrain d’entente pour que le travail fonctionne. (j’avais un poste de direction de service).
  • dans les deux cas, c’est peut- être le moment de se séparer : on a fait un très beau bout de chemin ensemble ; on s’est bien mariés, on peut bien se séparer! Vous avez besoin de sang neuf, moi j’ai besoin de m’accomplir selon mes choix, et de vivre une nouvelle aventure."

Ensuite l’entreprise est revenue vers moi pour me dire qu’elle était d’accord ; Par ailleurs, comme on s’était toujours bien entendus d’une part, et qu’elle avait besoin  au niveau politique et « com » d’une séparation sereine  dans son contexte de crise et de « plan social » déguisé d’autre part, elle accepté de me donner, ce que j’avais demandé – en plus des indemnités légales- soit 10 000 euros pour que je puisse finir mon master. (le financement du master par le CIF s’arrêtait avec le contrat de travail).

En contrepartie, je ne quittais l’entreprise que 3 mois après pour organiser ma suite, et partir lors de départ en vacances de Noël, pour atténuer l’effet psychologique sur les collègues.

Les erreurs à éviter lors de la négociation d'une rupture conventionnelle

Il y a, selon moi, des erreurs à ne pas faire lorsque vous cherchez à obtenir une rupture conventionnelle :

  • Ne jamais partir avec l’idée que la rupture conventionnelle est un conflit ou un bras de fer. Au contraire, c’est un accord. Il faut  trouver les éléments pour que ce soit gagnant-gagnant.
  • Ne pas partir avec l’idée que c’est un dû pour le salarié ; s’il l’entend comme cela, l’employeur proposera au salarié de démissionner s’il veut partir.
  • Dire que l’on est assisté par un avocat lors du premier entretien est une erreur (ou alors on est dans un contexte de licenciement vs négociation, ce qui est un autre débat). Il ne faut pas créer une ambiance de conflit.
  • Ne pas attendre qu’une proposition financière tombe du ciel, mais être pro actif : demander ce que l’on souhaite et argumenter sa demande.

Bien négocier sa rupture conventionnelle : se mettre à la place de votre employeur

Si je devais vous donner 3 conseils pour réussir votre rupture conventionnelle, je dirais:

  • Mettez-vous à la place de l’employeur pour préparer votre demande et votre stratégie.
  • Prenez du recul pour bien comprendre les enjeux de l’entreprise que vous souhaitez quitter ;
  • Faites un bilan de compétence avant. (valable pour n’importe quelle façon de quitter un emploi)  et ANTICIPER plutôt que subir.

La rupture conventionnelle permet de partir positivement

Je suis au final très contente d'avoir signé une rupture conventionnelle; elle m’a permis de retrouver du sens à mon travail ; elle m’a permis de partir d’une entreprise en bons termes, et cela a été très important par la suite pour moi quand j’ai dû raconter mon parcours professionnel et bénéficier de recommandations ! Elle m’a évitée d’être « remerciée » ce qui serait peut-être arrivée plus tard à cause de mon indépendance d’esprit et de parole.
SAUF que j’ai vu tant tant d’anciens collègues qui ont été remerciés comme cela et que cela a détruit psychologiquement ! Ils sont tous partis avec des indemnités plus importantes que moi ( rupture à l’initiative de l’employeur) environ deux ans de salaire, mais ils sont partis avec l’idée qu’ils étaient VIRÉS, et ils sont tous mis deux ans à s’en remettre…pour ceux qui s’en sont remis.